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ARDUE - L’eau n’est pas une marchandise mais un bien commun de l’humanité.
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L'eau de New-York, une des meilleures au monde ....


L’EAU POTABLE DE NEW YORK, L’UNE DES MEILLEURES AU MONDE

On dit de l’eau potable de New York qu’elle est une des meilleures au monde. Comment est-ce possible? Et comment réussit-on à fournir en eau potable une aussi grande population que celle de la ville de New York?

New York, la ville qui ne dort jamais! Trépidante, cosmopolite, démesurée, on l’aime ou on la déteste. Près de 9 millions de personnes vivent à New York. Plusieurs l’ignorent, mais ils boivent l’une des meilleures eaux potables au monde. La qualité de l’eau de New York impressionne! Un islandais, qui vit à New York depuis maintenant 25 ans, affirme même que l’eau de New York est aussi bonne que celle qui s’écoule des glaciers de son pays d’origine! Une eau si bonne, qu’elle est même mise en bouteille!

Et pourtant, l’eau de New York n’est même pas filtrée! Comment est-ce possible?

La ville a réussi ce tour de force en investissant massivement dans le capital naturel situé à des kilomètres de Manhattan. C’est là qu’elle puise son eau potable. Cette grande éponge naturelle, le plus grand bassin d’approvisionnement en eau de surface de la planète est vital pour les New-Yorkais.

La région des Catskill

La région des Catskill, cette région montagneuse située à l’ouest de la rivière Hudson dans l’état de New York, procure une eau potable de très grande qualité pour la ville de New York. C’est en quelque sorte un immense filtre naturel. Les monts Catskill, fait de plateaux et de collines, appartiennent au massif des Appalaches et son sommet le plus élevé fait 1 274 mètres.

 

La région des Catskill

Comment alors gérer l’eau d’une région aussi vaste? L’approche est audacieuse, mais le calcul est fort simple. Construire une usine de filtration aurait coûté 10 milliards de $US. Investir dans le capital naturel coûte 5 fois moins cher à la ville de New York.

Son eau potable prend sa source à 200 km au nord-ouest, dans les bassins versants des monts Catskill. Ce territoire, qui possède 4 000 kilomètres carrés de montagnes et de vallées, regorge de rivières qui terminent leur course dans 6 grands réservoirs. Dans ce véritable écosystème de filtration, la ville y puise 90% de son eau potable. Cette région montagneuse est donc intimement liée à la vie des New-Yorkais.

Historique de l’approvisionnement en eau potable

L’approvisionnement en eau potable à la ville de New York s’est fait par vague successive. Au début des années 1900, en pleine explosion démographique, la métropole compte 3 millions d’habitants. Il faut aller chercher l’eau plus loin, on se tourne donc alors vers la région des monts Catskill.

Par contre, il y a un prix à payer. On exproprie alors une grande partie de territoire et déplace des centaines de familles pour former d’immenses lacs artificiels. L’eau de cette région est donc filtrée naturellement, avant d’entreprendre sa longue route souterraine vers New York, dans un réseau d’aqueducs et de tunnels parmi les plus longs du monde. Par simple gravité, elle se rend des montagnes à la ville.

Des investissements importants dans la gestion agricole donnent des résultats

Dans les monts Catskill, l’activité agricole représente une source potentielle de pollution pour l’eau potable. Des centaines de producteurs sont installés le long des affluents de la rivière Delaware. Certaines fermes sont même littéralement entourées d’eau.

 

Si l’eau des ruisseaux est aussi limpide aujourd’hui, c’est que les agriculteurs de la région on prit toute une série de mesures pour les protéger. Tout ce qui a été fait visait à améliorer la qualité de l’eau et c’est une formule gagnante autant pour les résidents ruraux que les citadins de New York.

Les agriculteurs savaient qu’ils pouvaient agir, mais fallait-il encore qu’ils en aient les moyens. Toutes ces choses qu’on leur suggérait étaient nécessaires, mais très coûteuses. Pour la majorité des producteurs agricoles, ils n’auraient pas pu investir des sommes pareilles. Avec l’aide et le financement venant de la ville de New York, ils ont donc pu réaliser des projets qui n’auraient jamais pu voir le jour autrement.

Pour protéger l’eau potable, la ville de New York paie tous les travaux nécessaires à l’amélioration de la gestion des fermes, comme un soutien technique entièrement gratuit. Par exemple, une meilleure gestion des eaux usées et des déchets ou un meilleur contrôle des éléments vecteurs de bactéries est mis en place dans les fermes, ce qui a pour conséquence de minimiser les risques de contamination des ruisseaux. Plusieurs agriculteurs participent volontairement depuis 13 ans au volet agricole de la protection de l’eau. La ville de New York a tout payé et pour une seule ferme, cela peut représenter jusqu’à 200 000 $ d’investissement. Tous ces petits gestes font une grande différence.

Pourtant, rien n’oblige les producteurs agricoles à participer à ce programme de protection de l’eau, mais la ville de New York surveille avec vigilance les propriétaires de grandes entreprises agricoles et des plus petites fermes. Il y a quelques années à peine, 150 petites fermes menaçaient la qualité de l’eau dans la région. Aujourd’hui, plus de la moitié ont amélioré leurs pratiques. Heureusement, dans la région, la majorité des producteurs agricoles sont sensibles à la cause environnementale et peu sont ceux qui se font prier pour participer au programme de protection.

5 milliards de litres d’eau, c’est ce que les New-Yorkais consomment chaque jour! Et cette eau est sous haute surveillance. Il y a près de 1000 stations d’échantillonnage réparties dans tous les secteurs de la ville et il faut s’assurer que la qualité de l’eau est conforme aux normes établies. 30 000 échantillons d’eau potable sont analysés chaque année dans les laboratoires de la ville.

La gestion forestière

Pour en arriver là, il a fallu déployer des efforts gigantesques en agriculture, mais aussi en gestion des forêts : des efforts essentiels à la protection des bassins versants. Dans la région, le territoire forestier est très important. Il représente 80% du territoire de la région des Catskill. En adoptant des bonnes pratiques, la qualité de l’eau s’en faisait ressentir.

 

La magnifique forêt de la région des Catskill

Dans le bassin versant Frost Valley, on y trouve une forêt modèle de 300 acres. C’est un grand laboratoire à ciel ouvert où des pratiques forestières moins dommageables pour l’eau sont mises à l’essai. Au coeur de cela, la voirie forestière fait toute la différence. Par exemple, on offre aux propriétaires de boisés un programme de prêt de ponts portatifs, qui s’installent en moins d’une journée. Ces ponts, installés temporairement, perturbent moins les rives et limitent le rejet de sédiments dans les cours d’eau.

La forêt des Catskill est d’une grande beauté, avec une faune et une flore riche et variée, ce qui attire de plus en plus de gens. 75 % des boisés sont privés et ils sont de plus en plus petits. Avec l’étalement urbain vient le morcellement des propriétés. Une menace pour la qualité de l’eau. La parcellisation dans les bassins versants de New York est donc inquiétante. Une étude démontre que parcellisation et développement vont de pair. Le développement immobilier rend le sol imperméable. Ça provoque de l’érosion, de la pollution et inévitablement, la qualité de l’eau se dégrade.

Heureusement, la ville de New York veille à ce que la villégiature (et son développement) se fasse dans un secteur limité. À l’entrée d’un village de la région, la ville de New York a fait construire, à ses frais, une usine de traitement des eaux usées à la fine pointe de la technologie.

Plus au sud, aux portes de New York, on a été moins prévoyant. Dans cette banlieue très densément peuplée, la situation est critique. Le territoire de 1 000 km2 à l’est de la rivière Hudson compte 13 réservoirs et 3 lacs qui fournissent à la métropole 10 % de son eau potable. Cette région est celle du bassin versant du Croton. Le développement effréné dégrade sévèrement la qualité de l’eau et les écosystèmes sont menacés. À la fin des années 1980, les autorités sonnent l’alarme! La ville de New York doit passer à l’action! Construire une usine de filtration ou assainir les bassins versants.

Le développement dans les bassins versants de la région était inévitable, compte tenu de sa proximité avec New York. Mais on ne doit pas reproduire la même erreur plus au nord, dans les bassins versants de la région du Catskill, là où la ville y puise 90% de son eau.

Au laboratoire du département de protection de l’environnement, les analyses ne mentent pas. L’eau du bassin versant du Croton possède sa propre signature. L’eau des bassins versants du Croton répond aux normes de qualités, mais on ignore pour combien de temps encore. Aucune chance n’est prise, une usine de filtration est donc en construction. Et la note est salée : 3 milliards de dollars. La prévention environnementale aurait coûté beaucoup moins cher.

L’histoire de New York, c’est l’histoire de l’eau, de son pouvoir rassembleur et d’une nature généreuse. C’est aussi le combat perpétuel d’une ville pour préserver les écosystèmes qui lui fournissent cette eau si précieuse. D’autres villes suivent ses traces en Allemagne, en France et au Costa Rica entres autres et investissent dans leur capital naturel.

C’est à travers l’eau que New York garde contact avec la nature.

Le Québec a tout intérêt à s’inspirer de cette culture de protection de l’eau et à investir davantage dans des programmes qui réduisent l’impact des activités forestières et agricoles sur les cours d’eau.

Source : Radio-Canada

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